Make.org et Reporters d’Espoirs dévoilent, le 8 octobre, au festival Médias en Seine, les résultats de la consultation citoyenne "Comment les médias peuvent-ils améliorer la société ?". Une consultation menée du 8 juillet au 20 septembre 2019, en partenariat avec France Info, La Croix, La Voix du Nord, L’Obs et L’Express, et qui a réuni 104 000 participants, 270 000 votes et 1605 propositions.
Axel Dauchez, fondateur et président de Make.org, et Gilles Vanderpooten, directeur de Reporters d’Espoirs, se félicitent de cette collaboration inédite avec cinq grands médias, qui ont, à cette occasion, noué un dialogue direct, ouvert et constructif avec une centaine de milliers de lecteurs, auditeurs, téléspectateurs et internautes, pour restaurer une confiance parfois abîmée, et imaginer ensemble le journalisme de demain.
Premier enseignement, en matière de choix des sujets et de traitement de l’information, les citoyens plaident pour que les médias privilégient “une information moins rapide et plus approfondie” : ils appellent à limiter la surabondance et la redondance des flux de dépêches et de news, et à produire des informations originales, plus suivies, des sujets de fond et du temps long.
Les participants à la consultation suggèrent également aux médias de “proposer plus d’expertise et de pédagogie”, en donnant plus systématiquement la parole aux chercheurs et scientifiques, perçus comme gages de crédibilité, et en offrant plus de contextualisation et de mise en perspective des sujets. A l’inverse, ils souhaiteraient “moins d’éditorialisation”, soit une distinction plus nette entre les faits et les commentaires, entre les “journalistes” et les “éditorialistes”, notamment à la télévision.
Autre consensus, l’incitation à “lutter plus efficacement contre les fake news”, en multipliant les formats de fact-checking, en favorisant “la traçabilité” des informations sur les réseaux sociaux, voire en sanctionnant la désinformation. Les citoyens recommandent aussi aux médias de “favoriser le journalisme d’investigation” en protégeant les lanceurs d’alerte et le secret des sources, et de “valoriser davantage les sujets positifs et le journalisme de solutions” : mettre en avant des réponses aux problèmes et des exemples de bonnes pratiques innovantes pourrait inciter les citoyens à agir.
Par ailleurs, les participants à la consultation sont très vigilants concernant “l’indépendance financière des médias” : ils demandent de la transparence sur les ressources, et des garanties sur la liberté éditoriale des rédactions par rapport à leurs propriétaires, actionnaires et annonceurs. Même souhait concernant “l’indépendance des médias vis-à-vis des pouvoirs politiques” : distance, pluralisme, et protection des journalistes face aux éventuelles pressions sont plébiscités.
Enfin, une meilleure éducation aux médias est également jugée prioritaire, notamment la sensibilisation des plus jeunes à la vérification de l’information et à la fiabilité des sources. Autrement dit, les citoyens reconnaissent qu’ils ont eux aussi un rôle à jouer, en “apprenant à mieux s’informer”.
La consultation fait aussi apparaître quelques propositions controversées, qui ont suscité un fort clivage parmi les participants. Elles portent notamment sur les subventions publiques, qui mettraient en péril l’indépendance des journalistes ; sur la levée de l’anonymat et la transparence des sources sur les réseaux sociaux ; et enfin, sur l’opportunité de créer un organisme de qualification de l’information.