“C’est une consultation qui nous a beaucoup marqués, parce qu’elle a touché tout le monde. La question de nos aînés a une résonance émotionnelle pour chacun d’entre nous”. Avant de révéler le plan d’actions de la société civile pour “Mieux prendre soin de nos aînés”, le 27 novembre, au Salon Silver Economy Expo 2019, Axel Dauchez, le président de Make.org, a tenu à rappeler l’immense succès de la consultation citoyenne qui a permis de bâtir ce plan : 415 000 participants, 1,7 million de votes et 18.300 propositions.
Il a tenu, également, à remercier les partenaires fondateurs de cette Grande Cause : Klesia, la Fondation Korian pour le bien vieillir, La Poste, OCIRP, CAREIT, Primonial Reim et la Croix Rouge, mais aussi toutes les associations partenaires, et le cabinet Cap Gemini Invent, qui accompagne les équipes de Make.org Foundation dans l’élaboration et la mise en oeuvre de ce plan d’actions.
Le président de Make.org, accompagné de membres de la coalition de la Grande Cause, a ensuite présenté en détails ces 10 actions, construites autour de trois enjeux prioritaires : le maintien à domicile, le soutien aux aidants et l’amélioration des lieux de vie en communauté.
→ Renforcer les actions des associations luttant contre l'isolement et l’exclusion numérique des personnes âgées en structurant le Service National Universel autour d’une filière Grand Âge
Axel Dauchez : “Le Service National Universel, qui sera à terme obligatoire pour la totalité d’une tranche d’âge, contiendra une mission d’intérêt général. Les volumes sont considérables, puisqu'il s’agit de trouver 800 000 missions par an. Nous avons signé une convention avec l’équipe du SNU pour les aider à structurer une filière autour de la lutte contre l’isolement des personnes âgées. Chaque année, 100 000 ou 200 000 jeunes vont ainsi aller accompagner une personne âgée dans ses démarches, pour faire ses courses ou lui apprendre à se servir d’un téléphone portable… Avant, on faisait son service militaire pour apprendre à défendre son pays ; aujourd’hui, on va faire son service national pour accompagner les aînés : c’est une évolution essentielle de notre civilisation.”
→ Généraliser le diagnostic habitat gratuit ou à moindre coût auprès de personnes âgées prioritaires et référencer des acteurs de confiance pour l’adaptation du domicile
Axel Dauchez : “Pour maximiser les chances de rester chez soi, nous sommes partis d’un dispositif existant de diagnostic habitat. Il s’agit d’évaluer le minimum de travaux à effectuer pour pouvoir se maintenir dans son domicile cinq ans, sept ans, dix ans de plus. Souvent, il ne s’agit pas de travaux très compliqués : parfois, remplacer une baignoire par une douche avec une rampe est déjà un changement gigantesque. Il existe aussi des solutions un peu plus nouvelles, comme des systèmes de surveillance à distance en cas de chute ou de problème… Nous allons nous rapprocher de l’Agirc-Arrco, qui a mis en place le diagnostic habitat, pour voir comment nous pourrions le développer et le déployer à l’échelle nationale.”
→ Créer une plateforme d’achats responsables en ligne référençant l’ensemble des innovations technologiques pour le maintien à domicile et la prévention de la perte d’autonomie
Axel Dauchez : “Il existe énormément de nouveaux produits pour les aînés, et une grande confusion pour s’y retrouver dans cette jungle. Il s’agit ici de créer un portail de e-commerce extrêmement simple, avec une offre très réduite et labellisée, qui sera le premier pas pour adapter sa maison et rendre possible le maintien à domicile. Nous allons nous rapprocher de différents acteurs pour leur proposer de les aider à développer cette plateforme. Et nous y mettrons une gouvernance de très haut niveau, pour que l’intérêt de l’aîné soit constamment au centre du projet.”
→ Rassembler l'information et les services dédiés aux proches aidants d’une personne âgée sur un portail en ligne neutre, d’intérêt général, formulant des recommandations de services personnalisées et de proximité
Axel Dauchez : “Les aidants n’ont souvent pas le temps de s’occuper d’autre chose que de gérer le quotidien. L’idée est de leur proposer un portail très simple qui regroupe tous les services pour les aidants. Nous avons été séduits par une initiative portée par Klesia pour le compte de l’Agirc-Arrco, et notre projet est de l’accompagner pour maximiser son impact.”
Cécile Hoang-Van, responsable RSE chez Klesia : “Nous avons la conviction que pour mieux prendre soin de nos aînés, nous devons aussi nous occuper de leurs aidants, qui sont là pour leur faciliter le quotidien. Mais parfois, ils n’ont pas conscience de leur statut d’aidants, ils sont perdus dans leurs recherches d’informations. La mise en place d’une plateforme unique qui permettrait d’accéder facilement à des informations adaptées, et surtout, de proximité, leur permettrait de mieux gérer leur activité et de mieux prendre soin de leurs proches.”
→ Développer un programme de formation qualifiante en ligne pour mieux accompagner les aidants dans leur rôle et valoriser leur expérience dans le cadre de leur parcours professionnel
Axel Dauchez : “En complément des actions Silver Marché et Portail de l’aidant, cette formation à distance de 5 à 10 heures, qualifiante, a pour but d’apprendre les premiers pas de l’aidant : les démarches administratives, les gestes essentiels, l’accès aux différentes aides autour de chez soi, pour aborder le sujet avec plus de sérénité, et surtout, en n'étant pas seul. Sa première vertu est la sortie du déni. C’est le moment où l’on se dit : oui, je suis aidant, donc j’ai besoin d’être aidé. Le deuxième objectif implicite est que cette formation peut marquer le début d’une validation de compétences. Par exemple, un jeune qui a été aidant avec un proche pourra faire valoir l’acquisition de cette compétence sur son CV. C’est un chemin vers un véritable statut de l’aidant.”
→ Fédérer les plateformes d’écoute téléphonique dédiées aux aidants autour d'un numéro d'appel national unique et gratuit d’écoute, d’accompagnement et d’orientation
Axel Dauchez : “Quand on est débordé dans sa vie d’aidant, parfois la seule chose que l’on est en mesure de faire, c’est passer un coup de fil. Ce numéro de téléphone premier secours pour les aidants a été créé avec succès par l’association Avec nos proches. Il fait aussi partie du plan Aidants du gouvernement. L’action de Make.org va être de les aider à développer cette solution et à l’étendre au niveau national.”
Guy Alboussière, président de l’association Avec nos proches : “Nous mettons en oeuvre un numéro de téléphone national d’écoute, d’information et d’orientation au profit des aidants, ouvert 7 jours sur 7, de 8h à 22h. Notre particularité est que nous, les écoutants, sommes tous des aidants ou des anciens aidants, donc cela permet de libérer la parole car les personnes qui appellent trouvent des interlocuteurs qui ont vécu des situations semblables. Nous avons besoin d’aide pour nous développer, à la fois au niveau national, et à l’échelle locale pour pouvoir orienter l’aidant vers des solutions de proximité.”
→ Construire des programmes courts de sensibilisation du grand public au rôle d’aidant en valorisant les aidants par des portraits inspirants et des témoignages de leurs proches
Axel Dauchez : “Il y a un vrai besoin de se familiariser avec la notion d’aidant, que tout le monde sache à quel point ils sont des héros. Cette action est née dans les ateliers de transformation : il s’agit de créer une campagne de sensibilisation nationale à travers un programme court diffusé tous les soirs à la télévision. Chaque épisode sera le portrait d’un aidant vu par l’un de ses proches : une vieille dame qui parle de son fils fabuleux qui réussit, malgré son travail, à venir la voir tous les jours et à lui faire ses courses ; une petite fille qui parle de sa maman merveilleuse qui s’occupe de sa grand-mère ; un collègue qui parle de son voisin de bureau qui fait monts et merveilles pour combiner sa propre vie avec la mission qu’il a décidé d’accomplir. La force de ce programme peut changer le regard de la société sur les aidants.”
→ Formaliser un pack d’accompagnement des PME contenant des bonnes pratiques faciles à mettre en oeuvre pour soutenir leurs salariés aidants
Axel Dauchez : “Le monde de l’entreprise commence à prendre conscience qu’il ne peut pas rester muet par rapport à un salarié qui vit une situation personnelle complexe, laquelle va forcément interférer avec sa vie professionnelle. Au pire, il va quitter son boulot. Au mieux, il va rester dans son travail, mais ça va être l’enfer. Et pourquoi cela ne deviendrait pas une chance de cohésion dans l’entreprise ? Certaines grosses boîtes s’y mettent en proposant des solutions pour leurs salariés aidants. Nous, nous souhaitons nous tourner vers les PME, car c’est là que le problème est le plus délicat quand un employé doit se mettre à mi-temps. Avec nos partenaires, nous avons décidé de tout faire pour aider les petites et moyennes entreprises à gérer la problématique des aidants.”
Jordan Paolini, chargé de missions à l’OCIRP : “61% des aidants travaillent, avec tout ce que cela représente comme défis à relever pour eux-mêmes, mais aussi pour les entreprises. Il faut dépenser beaucoup d’énergie et faire preuve d’ingéniosité pour parvenir à concilier vie personnelle et professionnelle. Les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure de l’importance de cette question : le plan gouvernemental “Agir pour les aidants” comporte des avancées, comme par exemple l’indemnisation du congé proche aidant. Mais cela restera toujours insuffisant si la société civile ne s’empare pas pleinement du sujet. C’est pourquoi l’OCIRP soutient ces actions en direction de ces personnes en situation de vulnérabilité, et plus particulièrement le projet qui vise à accompagner les PME et leurs salariés aidants.”
→ Fédérer toute la société civile, autour des enjeux du mieux vieillir par le biais d'un grand concours d’innovation sur les lieux de vie de demain pour les personnes âgées
Axel Dauchez : “C’est une première pour nous : nous vous présentons une action qui est déjà lancée ! AU cours de la consultation, il y a eu énormément d’idées sur les Ehpad, sur les lieux de vie intergénérationnels, sur les conditions de travail des personnels… C’était tellement foisonnant que nous avons eu l’idée d’un gigantesque concours d’innovation. Dans les deux ans qui viennent, nous allons lancer, avec Habitatscopie et Batimat, un concours auprès de tous les opérateurs d’Ehpad, les associations, les opérateurs de services, les entreprises de technologie, les écoles d’architecture, d’ingénieurs, de design… Bref, une union sacrée pour réinventer d’ici deux ans des lieux de vie pour nous aînés.”
Cendrine Dominguez, co-fondatrice d’Habitatscopie : “Ce projet nécessite en effet une union sacrée, car il nous concerne nous, nos parents, nos grands-parents, nos enfants, nos petits-enfants. Habitatscopie repose sur un principe : habiter n’est pas loger. Nos aînés sont parfois logés, mais ils n’habitent pas, parce qu’ils perdent leur dignité. Dans un premier temps, nous allons recueillir, notamment sous la forme d’une série de podcasts, toutes les données autour de ce sujet de ‘l’habiter’. J’invite toutes les entreprises, publiques, privées, les associations, les particuliers, à venir nous raconter ce qu'ils font. Parallèlement, nous allons co-construire ce grand concours d’innovation pour réunir, pour la première fois, tous les acteurs autour de la table.”
Guillaume Loizeaud, co-fondateur d’Habitatscopie : “Les lieux d’habitation ont toujours été pensés selon des besoins et des usages figés dans le temps. Or le contexte de vie des aînés est celui qui évolue le plus vite, sur une durée extrêmement courte, et avec des besoins qui changent d’un foyer à l’autre. Beaucoup d’architectes travaillent sur ce sujet, mais le problème, c’est qu’ils ne travaillent pas ensemble. C’est pourquoi, avec ce grand concours, nous voulons renverser la table et susciter un foisonnement d’innovations.”
→ Développer nationalement la colocation solidaire entre les personnes âgées et des étudiants, réfugiés, personnes en réinsertion…
Axel Dauchez : “La colocation intergénérationnelle, c’est une idée très répandue qui a toutes les vertus, celle du maintien à domicile, de lutter contre la solitude, de trouver une solution de logement pour les jeunes, de créer de la cohésion sociale... Mais il existe des freins : la confiance de la personne âgée qui va accueillir quelqu’un chez elle, la difficulté à identifier l’offre disponible… C’est pourquoi nous avons choisi de nous mettre au service d’acteurs qui portent cette magnifique idée depuis longtemps, pour les aider à la démultiplier et à la déployer à l’échelle nationale.”
Catherine Garnier, chargée de mission au sein de l'association Ensemble 2 Générations : “Les bénéfices sont énormes pour chacun. Côté étudiant : se rendre utile, étudier en toute sérénité sur le plan économique, et avoir l’expérience de vivre avec un senior. Côté senior : se sentir moins seul, être acteur d’une mission solidaire, transmettre. Tout le monde est rassuré : les enfants des seniors, et les parents des jeunes !"
Stéphanie Lacroix, Directeur Général de Primonial REIM: “En tant que Partenaire Fondateur de la Grande Cause pour Nos Aînés et leader de l’immobilier de santé en Europe, nous avons à cœur chez Primonial REIM d’inscrire nos actions dans une démarche plus large au service de la communauté en rapport avec les enjeux sociétaux et les défis à relever pour demain. Parmi l’ensemble des 10 actions retenues pour ces deux années à venir, nous souhaitons nous positionner plus particulièrement sur les actions « Colocation solidaire » et « Concours d'innovation ». En effet, en tant qu’investisseur engagé en faveur de l’évolution des établissements de santé existants, nous portons la responsabilité de repenser et améliorer les lieux de vie en communauté pour les aînés pour que nous ayons demain une nouvelle forme d’offre plus innovante, flexible, accueillante et intergénérationnelle."
Prochaine étape : toutes ces actions vont être mises en oeuvre, au cours des deux prochaines années, par Make.org Foundation, avec Cap Gemini Invent et tous les partenaires de la Grande Cause, pour avoir un impact maximal, au niveau national, sur les conditions de vie de nos aînés, mais aussi sur le quotidien des proches et professionnels qui les entourent.