La polarisation, la perte de confiance, les divisions sociétales et les défis mondiaux semblent se multiplier chaque jour. Certains observateurs influents qualifient ce moment comme une “métacrise” (McGilchrist, 2021, p.23), marquée par une série de chocs simultanés, résultant de notre difficulté collective à donner du sens au monde et à agir de manière coordonnée. Dans ce contexte, la recherche de consensus n’est pas un luxe, mais une condition essentielle au bon fonctionnement de la démocratie.
Make.org s’est construit autour de cette conviction. A partir de démarches participatives à grande échelle et à un dialogue structuré, le débat se porte moins sur ce qui nous divise que sur ce qui nous rassemble. L’objectif est simple : transformer les priorités citoyennes en actions concrètes et positives.
La démocratie fonctionne véritablement lorsque les citoyens se sentent écoutés et voient leurs idées se refléter dans les décisions qui influencent leur quotidien. Cette participation continue permettrait de réinsuffler de la confiance envers les institutions démocratiques, et créerait ce que l’historien Pierre Rosanvallon appelle un sentiment de “démocratie permanente”. Sans prétendre remplacer les élections, la démocratie participative peut permettre une réappropriation citoyenne des enjeux de l’action publique et de co-construire cette dernière tout au long d’un mandat. Pour que cela soit possible à grande échelle, il faut que la démocratie participative soit à la hauteur des enjeux avec une méthodologie claire et efficace.
Développée depuis plus de 9 ans, notre plateforme de consultation permet de mener des démarches participatives à grande échelle, conçues pour être massives, inclusives, transparentes et orientées vers l’action.
Chaque consultation débute par une question claire, pertinente et mobilisatrice, portant sur une question d’intérêt général - un sujet qui compte réellement dans la vie des citoyens.
Les participants sont invités à contribuer en soumettant leurs idées sous formes de propositions et en votant sur celles des autres. Cette expérience simple, ludique et engageante, permet de mesurer le niveau d’adhésion autour de chaque proposition. Des campagnes de communication ciblées sur les réseaux sociaux et les réseaux de partenaires engagés permettent d’atteindre une diversité de publics et de profils sociaux.
A la fin d’une consultation, les data scientists et les sociologues analysent les propositions recueillies et les regroupent pour identifier les priorités qui rassemblent les citoyens, mais aussi les sujets qui font davantage débat. Le croisement d’une analyse sémantique qualitative et d’une analyse quantitative des votes aboutit à une cartographie claire de l’état du débat public. Dans cette cartographie, chacune des grandes idées se compose de dizaines, voire de centaines de propositions défendant le même propos, et ayant chacune agrégé plusieurs centaines de votes, nous permettant ainsi d’affirmer la légitimité et la fiabilité statistique de nos résultats.
Les enseignements tirés de ce processus sont ensuite synthétisés dans un rapport final, adapté aux objectifs de l’initiative : recommandations politiques, projet/propositions de loi ou plan d'action portés par la société civile.
Plus de 100 000 Parisiens ont participé à cette première consultation des Dialogues Parisiens. Cette mobilisation massive a permis de faire émerger 18 idées prioritaires pour les citoyens. Sur la base de ces 18 priorités citoyennes, un plan d’action à été mises en place par la Ville de Paris pour répondre à ces attentes. A titre d’exemple, la Ville a co-construit avec les habitants, les associations et les partenaires institutionnels Paris un « Code de la rue » pour améliorer la cohabitation entre tous les usagers de l’espace public et mieux protéger les piétons. Cette démarche participative innovante a par la suite été reconduite sur d’autres sujets de consultation pour permettre un dialogue continu entre la Ville de Paris et ses habitants.
Le projet Forum gegen Fakes – Gemeinsam für eine starke Demokratie, mené par la Bertelsmann Stiftung en collaboration avec un vaste réseau de partenaires, illustre parfaitement comment cette méthodologie peut produire des résultats concrets. Il s’agit de la première convention citoyenne “augmentée”, où plus de 420 000 citoyens allemands ont pu interagir et participer aux travaux de la convention grâce aux plateformes de participation en ligne de Make.org.
Le rapport d'évaluation récemment publié par l’université de Stuttgart a mis en évidence un impact notable : 70% des participants ont estimé que leur contribution avait eu un effet réel, et la couverture médiatique de l’initiative a touché plus de cinq millions de citoyens. Le rapport des citoyens de la convention a été officiellement remis à la ministre fédérale allemande de l’Intérieur, une contribution précieuse pour le Ministère fédéral de l’Intérieur dans le cadre de l'élaboration de la stratégie fédérale de lutte contre la désinformation.
Plusieurs recommandations issues du panel sont déjà mises en œuvre par des enseignants, des décideurs politiques et des professionnels des médias.
Ce principe de transformation des priorités citoyennes en impact réel est également au cœur d’un autre format développé par Make.org : les Grandes Causes.
En moins d’une décennie, Make.org a lancé plus de 15 Grandes Causes en France - des programmes de 3 ans débutant par une large consultation citoyenne et abouti au déploiement d’actions pluriannuelles traduisant les priorités des citoyens en un impact sociétal tangible. Ces initiatives ont abordé des sujets d’intérêt public majeurs tels que la lutte contre les violences faites aux femmes, la promotion de l'accès à la culture, la protection de l’environnement, l’égalité des chances pour les jeunes et l’amélioration des conditions de vie dans les territoires. Chaque Grande Cause vise à créer une large coalition d’acteurs, allant des entreprises et institutions aux associations, en passant par les médias et les startups, tous unis pour transformer les consensus citoyens en actions concrètes.
Un exemple marquant - la Grande Cause “Lutter contre toutes les inégalités subies par les femmes”. Plus de 258 000 citoyens ont participé à cette consultation, et leur contribution a permis de co-construire un plan d’action national, en partenariat avec 13 entreprises et 51 organisations.
7 actions issues de la société civile ont ainsi été accompagnées par le fonds de dotation Make.org Foundation, allant de programmes d’égalité sur le lieu de travail à des campagnes locales pour la représentation des sexes, venant ainsi compléter les politiques publiques et renforcer la cohésion sociale.
Les consensus ne se limitent pas aux frontières nationales ; au contraire, ils gagnent parfois en puissance lorsqu’il devient transnational. La consultation EurHope menée en amont des élections européennes de 2024 en est une illustration frappante : elle a rassemblé des dizaines de milliers de jeunes Européens qui ont partagé leurs idées pour l’avenir de l’Europe. Malgré des langues et des contextes culturels différents, des propositions similaires et des priorités communes ont émergé. Les propositions “Développer un transport ferroviaire plus efficace et plus accessible” et “Renforcer la voix souveraine de l'UE dans la diplomatie” ont reçu un large soutien dans plusieurs pays, soulignant qu’il y a souvent plus de consensus entre les citoyens européens qu’entre les Etats membres de l’Union européenne.
Ces idées plébiscitées par les citoyens n’ont pas été simplement recueillies, elles ont été intégrées au cœur des débats de la campagne électorale. Les partis politiques européens étaient invités à réagir à l’agenda citoyen, permettant ainsi aux jeunes électeurs de s’informer sur leurs prises de position en amont des élections. Les résultats de cette démarche inédite à l’échelle européenne constitue un exemple concret d’appropriation citoyenne des enjeux européens qui a pu nourrir les débats en amont des élections et continuer lors de la mandature. Les résultats complets et les priorités des citoyens sont détaillés dans le rapport final d’Eurhope, disponible ici.
L’initiative EurHope, comme les autres exemples présentés dans ce document, montre que le consensus ne se limite pas à un accord entre les participants. Il s’agit avant tout d’une intention commune, d’une volonté partagée. Trouver un objectif commun, fondé sur la légitimité démocratique et porté par une vision commune, est au cœur de la méthodologie de Make.org. Nous sommes profondément convaincus que la démocratie doit être participative pour être résiliente et moderne. Lorsque les citoyens disposent de véritables opportunités de s’exprimer et de contribuer aux décisions, les voix individuelles se transforment en une volonté collective puissante.
Cela ne signifie pas que le consensus puisse résoudre tous les problèmes. Mais il crée les conditions nécessaires pour que les sociétés démocratiques puissent avancer avec sérénité, inclusion et détermination. Dans le cadre des démarches participatives menée par Make.org, les citoyens sont en position d’acteurs capables de co-construire les réponses aux grands défis actuels et futurs, plutôt que comme des destinataires passifs des décisions prises.
C’est pourquoi notre devise demeure : “Participez, partagez vos idées et contribuez à façonner l’avenir”.
Références : McGilchrist, I. (2021). The Matter with Things: Our Brains, Our Delusions, and the Unmaking of the World (Vol. 1). Perspectiva Press.