Initiée le 10 avril par La Croix-Rouge française, le WWF France, Make.org et le Groupe SOS, en partenariat avec Unis-Cité et le Mouvement UP, la consultation citoyenne “Comment inventer tous ensemble le monde d’après ?” a déjà réuni 50 000 participants, 13 000 propositions et 400 000 votes.
💡 Chaque semaine, nous analysons un thème qui ressort de cette consultation. Aujourd’hui : “Le renforcement du système de santé français”, évoqué dans 746 propositions à ce jour. Voici les principales idées citées à ce sujet :
Les citoyens réclament tout d’abord que plus de moyens soient alloués au système de santé, et évoquent plus spécifiquement un effort d’investissement en personnels et en matériel pour les hôpitaux et les Ehpad. Ainsi, Maryne propose :
Il faut choisir de financer massivement le secteur de la santé pour la création d un système centré sur l'humain et performant.
Les participants à la consultation soulignent l’impératif de faire passer la qualité des soins avant les logiques de rentabilité, et souhaitent que la santé - au même titre que l’éducation - soit considérée comme un secteur d’investissement prioritaire. Florence préconise par exemple :
Il faut que les services de santé, tel l’hôpital soient gérés comme un service public et non avec des objectifs de rentabilité.
Certains, comme Alia, appellent également de leurs voeux une coopération des systèmes de santé au niveau européen :
Il faut mutualiser et investir massivement dans le système de santé en Europe pour mieux soigner ses citoyens en cas de crise.
Les citoyens demandent par ailleurs une meilleure reconnaissance et une revalorisation des métiers du soin. Cela passe selon eux par une augmentation des rémunérations des personnels soignants : des métiers dont le caractère “essentiel”, mais aussi la pénibilité, sont perçus avec encore plus d’acuité dans cette période de crise sanitaire. Mieux écouter et valoriser ces professions permettrait également de les rendre plus attractives dans la perspective du système de santé de demain. Yan et Jean suggèrent :
Il faut revaloriser, tant financièrement que symboliquement, les professions les plus utiles socialement (soignants, enseignants, etc.)
Il faut rendre plus attractifs les métiers de la santé, les revaloriser à hauteur de la pénibilité et de l’engagement de ces personnels.
Pour protéger notre système de santé, les propositions recueillies évoquent avant tout une relocalisation sur le territoire national des activités jugées essentielles comme la production de matériel médical, de médicaments, de molécules, ainsi que les laboratoires de recherche. Comme Olivier, qui affirme :
Il faut surtout relocaliser en France toutes ces productions qui nous font défaut lors d'épidémies, médicaments, masques, etc...
Les citoyens souhaitent limiter les importations dans ce domaine, pour réduire la dépendance de la France, et de l’Europe, en cas de nouvelles crises sanitaires. Ils voient également dans le rapatriement de ces activités une opportunité de créations d’emplois.
Certaines de ces propositions citoyennes font écho aux alertes et aux revendications exprimées depuis de longs mois par les personnels hospitaliers et les urgentistes. Ainsi, bien avant l’épidémie de Covid-19, le Collectif Inter-Hôpitaux déplorait “l’aggravation des conditions de travail des soignants, médecins et personnels paramédicaux, entraînant une dégradation inacceptable des conditions d’accueil des patients et de la qualité des soins”. Dans un communiqué du 19 septembre 2019, le Collectif écrivait : “Un point de rupture est aujourd’hui franchi. La sécurité n’est plus assurée. La situation est la même sur l’ensemble du territoire, conséquence d’une politique d’austérité appliquée de façon continue depuis 10 ans aux hôpitaux publics auxquels on demande toujours plus sans moyens supplémentaires”.
La Fédération hospitalière de France (FHF) a par ailleurs demandé au ministre de la Santé Olivier Véran, dans une lettre du 7 avril, de "mobiliser beaucoup plus de ressources" pour les Ehpad, qui sont en “détresse absolue” face à l'épidémie de coronavirus.
Les signaux d’alarme du corps médical, appuyés par la parole citoyenne, seront-ils entendus ? Lors d’une visite à Mulhouse le 25 mars, Emmanuel Macron a promis la mise en place, pour les hôpitaux, d’un “plan massif d'investissement et de revalorisation de l'ensemble des carrières".