“La jeunesse, c’est l’âge des possibles, quand tout concourt à croquer la vie à pleines dents et à oublier que le corps est un capital dont il faut prendre soin. C’est pourquoi nous devons leur apporter des solutions et les aider à être acteurs de leur propre santé, et c’est pourquoi cette journée sur ce thème est particulièrement importante.” Le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal, introduit par ces mots les deuxièmes Rencontres Prévention Santé, organisées le 16 octobre par la Fondation Ramsay Santé, en présence du pédopsychiatre Marcel Rufo. Une journée de réflexion et de débats, orchestrée par le conseiller éditorial du magazine L’Express, Christophe Barbier, qui débute par la révélation des résultats de la consultation citoyenne réalisée auprès des 16-30 ans par la Fondation d’entreprise Ramsay Santé avec Make.org, autour de la question “Comment inciter les jeunes à mieux prendre soin de leur santé ?”
Menée entre mai et juillet 2019, cette consultation a réuni 52 300 participants, 337 000 votes et 692 propositions. “Un taux de participation bien au-delà de nos espérances”, se réjouit le président de Make.org, Axel Dauchez, soulignant également le premier enseignement de cette étude : “Pour les jeunes, il apparaît que le périmètre de la santé porte avant tout sur la sexualité et l’hygiène corporelle, la santé mentale et le harcèlement, beaucoup plus que sur l’activité physique et l’addiction aux écrans”.
Des priorités parfois surprenantes au regard de ce que les adultes projettent sur la santé des jeunes, comme l’observe Christophe Barbier : “Dans cette étude inédite, nous avons entendu parler de contraception, de sexualité, de tabac, de soirées qui se terminent un peu tard… Ce n’est pas forcément ce à quoi on pense immédiatement quand on est un adulte et qu’on se penche sur la santé des jeunes.” Il souligne la règle des trois R : risque, responsabilité et recommandation. “Entre ces trois mots, nous allons nous demander comment les acteurs publics de la santé, l’Education nationale, les politiques, peuvent se glisser dans ces interrogations des jeunes.”
Même constat de la part du pédopsychiatre Marcel Rufo : “Cette étude est très intéressante, car elle ouvre des champs qui ne sont pas habituellement les nôtres. L’un des motifs actuels de consultation est l’inquiétude des parents qui se demandent s’il faut supprimer ou interdire le téléphone portable et les tablettes. Or, dans la consultation, les jeunes évacuent ce sujet en disant : 'c’est notre monde, notre manière de communiquer, nous avons des choses à dire'. Ils veulent être reconnus en tant qu’adolescents, et c’est à nous adultes, de comprendre et de nous adapter, en travaillant, par exemple, avec les écrans, plutôt qu’en s’y opposant”.
“C’est la première étude de cette envergure menée sur la tranche des 15-25 ans, qui est souvent un peu oubliée, explique Pascal Roché, directeur général de Ramsay Santé et président de la fondation Ramsay Santé. Nous savions peu de choses les concernant, et c’était l’occasion de comprendre leurs attentes, ce qu’ils sont prêts à faire, les freins, les blocages.” Il souligne le double avantage de la prévention : un meilleur état de santé, une espérance de vie allongée, une moindre dépendance pour les jeunes, et des économies majeures pour le système de santé français. “C’est gagnant-gagnant. Nous avons incontestablement beaucoup de choses à faire sur cette population”.
Le secrétaire d’Etat, Gabriel Attal, salue enfin l'organisation de ces Rencontres, et le rôle des entreprises et les fondations d’entreprises, qui ont "toute leur place dans l’accomplissement de l’intérêt général, dans les réflexions qui doivent guider l’action publique, parce qu’elles ont une connaissance du terrain et une capacité à fédérer les acteurs pour aborder ces enjeux". Avant de conclure : “C’est par la coopération de tous les acteurs publics et privés, par l’apport de solutions concrètes et de moyens d’exercer sa citoyenneté, que nous parviendrons à gagner la bataille de la santé des jeunes”.