Le 17 juin, entre les deux tours des élections législatives, Martial Foucault, directeur du Cevipof à Sciences-Po et Axel Dauchez, président de Make.org, ont publié dans Ouest-France une tribune sur l’abstention des jeunes, les voies pour favoriser leur implication, et peut-être un jour, leur retour aux urnes. Extraits.
70 % des 18-34 ans n’ont pas voté dimanche dernier. Plus qu’une dérive, c’est un basculement vers la sécession des jeunes de la société démocratique et la pédagogie ne suffira plus à l’endiguer. [...]
Peu à peu, c’est notre cohésion sociale qui s’effrite à un moment où la lutte pour le climat, pour la paix en Europe et pour la défense de la démocratie en ont tellement besoin. [...]
Alors, on fait quoi ? Le temps n’est plus à la “pédagogie” [...], à des gadgets [...] aux injonctions morales ou aux lamentations lors des soirées électorales. Il faut inverser le point de vue : le vote n’est pas la première étape d’un engagement citoyen, le vote est la résultante d’un processus d’appropriation de la société. [...]
Les jeunes d’aujourd’hui peuvent avoir une capacité d’engagement bien supérieure à celle de leurs aînés mais elle s’exprime différemment. [...]. Si l’acte de vote leur paraît lointain, ils s’engagent beaucoup plus facilement dans des démarches participatives, qu’elles soient dans la rue ou dans l’espace numérique. Alors, saisissons cet élan et proposons-leur de participer massivement et directement à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques. [...]
Pour cela, il faut transformer notre conduite de l’action publique sans remettre en cause notre démocratie représentative. Au contraire, elle en sortira renforcée et légitimée. [...]
Cette implication permettra l’appropriation de la société par sa jeunesse, et peut-être enfin son retour aux urnes. Il y a urgence.
(Photo Arnaud Jaegers/Unsplash)