“Quand je vois tout ce qui est arrivé à la planète depuis mes vingt ans, c’est à pleurer. J’aimerais que chacun se dise : que puis-je faire, comment convaincre les gens autour de moi ? J’aimerais qu’on redevienne humains et qu’on retrouve la conscience amoureuse de la vie qu’il y a autour de nous. J’ai besoin d’énergie positive aujourd’hui !” De l’énergie positive, de la mobilisation et de l’envie d’agir, Yann Arthus-Bertrand, le président de la Fondation Good Planet, a dû en ressentir ce 5 novembre, lors du lancement de la Grande Cause de Make.org pour l’Environnement. Figures de la lutte pour la protection de la planète, entreprises, ONG, associations, médias et citoyens : plus de 200 personnes étaient rassemblées à la Maison de la Radio pour donner le coup d’envoi de cette opération qui va durer trois ans, avec un objectif : passer de l’indignation à l’action concrète.
Première étape : une grande consultation citoyenne nationale, ouverte jusqu’au 19 janvier 2020 sur les réseaux sociaux et dans les médias, autour de la question : “Comment agir ensemble dès maintenant pour l’Environnement ?” Les idées plébiscitées seront ensuite transformées en actions, et mises en oeuvre par Make.org et l’ensemble de ses partenaires. “Notre raison d’être est de monter des coalitions très importantes de la société civile pour agir sur la société en partant des consensus citoyens, explique Axel Dauchez, le président de Make.org. Il ne s’agit pas de lancer une initiative de plus sur l’environnement, mais de se mettre au service de la multitude d’initiatives qui existent déjà. C’est une grande aventure collective qui commence.”
Le collectif, c’est le maître-mot de la plupart des interventions de cette matinée, animée par la journaliste Anne-Sophie Novel, spécialiste de l’écologie et des médias. Jean-Marc Jancovici, fondateur du cabinet de conseil Carbone 4 et président du think tank The Shift Project, estime en effet que si “les actions individuelles réduisent l’impact carbone d’environ 50%, le reste relève de l’action collective”. Selon lui, “ce qui nous attend est un gros exercice de mise au régime collectif” pour “contrecarrer notre code génétique” et aller à l’encontre de tout ce que nous pensions et faisons depuis trois siècles. D’où la nécessité de “créer un groupe de pression, pour avoir voix au chapitre”, insiste-t-il, avant de conclure : “Il y a du travail pour tout le monde”.
“Je participe à cette Grande Cause parce que le ‘tous ensemble’ est absolument fondamental, affirme Bettina Laville, présidente du Comité 21. Il faut reconstruire une base civique au sens de la citoyenneté écologique. C’est la première fois, en dehors des guerres, que l’on se bat pour la vie, pour la victoire des siens.”
S’il confie tout d’abord ressentir “une injustice gravissime à l’égard du vivant qui nous entoure, de la biodiversité qui est en train de disparaître de façon dramatique”, Allain Bougrain-Dubourg, le président de LPO France, juge néanmoins que “si on agit, on peut inverser la tendance. Si déjà on respecte la réglementation, on fera la moitié du chemin.”
Pour l’ancienne journaliste Audrey Pulvar, à l’origine du fonds de dotation African Pattern, “là où le bât blesse, là où la volonté n’est pas assez forte, c’est au niveau des Etats et des gouvernements”, et c’est pour cela que “le système bouge très très peu”. “Au lieu de penser que la transition écologique coûte cher, ils devraient voir que c’est la non-transition qui coûte cher et qui remet en cause les principes de base de notre humanité. Le climat et la biodiversité, ce sont aussi des questions d’emploi, d’énergie, d’alimentation, d’agriculture, de transports, d’aménagement du territoire, de justice et de justice sociale, de sécurité, et même de culture. Tous les problèmes sont liés à cela.”
Ce collectif, que tous jugent indispensable, s’incarne aussi, en ce jour d’inauguration, dans la diversité de la coalition réunie par Make.org. Tour à tour, les représentants des partenaires fondateurs de la Grande Cause (Kering, Monoprix, EDF, JCDecaux, Sopra Steria, EPSA Group, Citeo) et des partenaires “experts” (les startups et associations Too Good To Go, EcoMégot, Wintics, Citoyens pour le climat, Expédition 7e continent...), se succèdent pour expliquer comment leur entreprise, chacune dans son domaine, s’engage en faveur de l’environnement, et pourquoi ils ont souhaité soutenir cette initiative.
“Dans le secteur du luxe, on influence beaucoup les tendances, donc c’est de notre responsabilité de prendre en compte tous les aspects environnementaux”, souligne Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable et des relations institutionnelles internationales chez Kering, saluant au passage “l’outil développé par Make.org, qui permet d’être très concret et très opérationnel”. “Notre mission n’est pas uniquement de faire de l’affichage, c’est aussi de créer des solutions qui vont embellir la ville et changer la vie des gens, précise pour sa part Carole Brozyna-Diagne, directrice du développement durable chez JCDecaux, qui mettra des espaces d’affichage gracieusement à disposition de la Grande Cause. Nous sommes aussi un média, un vecteur d’influence, il était donc essentiel pour nous de travailler avec Make.org pour amplifier cette mobilisation, pour que les citoyens se sentent concernés et viennent participer.”
Une Grande Cause, ce sont aussi des médias partenaires (Le Groupe Les Echos-Le Parisien, Franceinfo, Radio-France, La Croix…), qui relaient la consultation dans leurs pages, sur leurs antennes et leurs sites. Pierre Louette, PDG du Groupe Les Echos-Le Parisien, fait part de sa profonde conviction : “Les médias doivent s’engager pour engager leur public. Nous pourrions rester des narrateurs d’une décomposition, des spectateurs engagés, mais nous voulons être plus que cela, et mettre la force de nos rédactions au service de cette cause. Cela se traduit de façon très concrète dans toutes nos rubriques, nos angles, les événements que nous organisons… Et c’est aussi pour cela que je suis très heureux de m’associer à la démarche de Make.org. Je crois beaucoup à l’idée de la singularité multipliée : si chacun a une démarche singulière, là où il est, tout cela peut aboutir à un résultat concret. La bataille pour sauver la seule planète dont on dispose doit se mener partout.”
Delphine Legouté, directrice adjointe de l’information numérique de Franceinfo, également partenaire de la Grande Cause, assure qu’il existe “une véritable attente” des lecteurs et téléspectateurs sur les questions écologiques. “L’initiative de Make.org s’inscrit complètement dans la continuité de ce nous faisons à franceinfo.fr et à France Télévisions, avec des opérations comme #AlertePollution, qui propose aux citoyens de nous alerter sur un cas de pollution à côté de chez eux, ou avec “L'Émission pour la Terre”, qui a marqué le début d’une saison télévisuelle dédiée à la cause environnementale. Cette double démarche, à la fois participative, et portée par un journalisme de solutions, est très proche de celle de Make.org,”
Enfin, c’est un “amoureux de la terre, de la vie et des gens (...enfin, pas tous les gens !)” qui conclut la matinée : le chanteur engagé Gauvain Sers, “très fier” d’être le parrain de cette Grande Cause.
Avant d'interpréter sa chanson “Y’a plus de saisons”, il donne le top départ officiel de la consultation citoyenne en déposant en direct sa première proposition : “Il faut retrouver une consommation raisonnée, responsable qui favorise les circuits courts, et les artisans et producteurs locaux”. C’est parti !