Stéphane, Sylvie et Juliette font partie des 60 000 citoyens ayant déjà participé à la consultation “Comment inventer tous ensemble le monde d’après ?”, lancée par la Croix-Rouge, le WWF France, Make.org et le Groupe SOS, en partenariat avec le Mouvement UP, Unis-Cités, Les Mondes d’après et plusieurs autres médias, comme Ouest-France, Phosphore, Reporters d'Espoirs, Sparknews, SoGood et Chari-T.
Ce dimanche 26 avril, ces trois citoyens étaient invités à présenter leurs propositions lors du festival virtuel des Mondes d’après, diffusé sur Facebook et YouTube. Cette émission était consacrée à trois thèmes fréquemment évoqués par les participants à la consultation : le renforcement du système de santé français, la relocalisation en France de certaines activités essentielles et la protection de la biodiversité et de la nature.
En introduction, le réalisateur Eric Toledano (Intouchables, Le Sens de la Fête, Hors normes, avec Olivier Nakache) a tenu à rappeler que “la culture est le meilleur moyen de créer un dialogue entre les générations” : “Il ne faudra pas oublier de remettre la culture au centre du monde qui va redémarrer”.
Premier citoyen à prendre la parole, Stéphane Navarro explique les raisons de sa proposition sur le thème de la santé : “Depuis plusieurs années, l’ensemble du personnel soignant s’opposait à une réforme venue du haut, qui voulait leur imposer de faire mieux avec moins de lits, moins de personnel et moins de moyens.” D’où sa recommandation : “Il faut écouter les soignants pour mettre en oeuvre un système de santé qui soit en capacité de faire face à une prochaine crise”.
“Comme le dit Stéphane, les choses ne peuvent plus arriver d’en haut, nous avons besoin de plus d’horizontalité sur tous les sujets”, approuve Nicolas Froissard, porte-parole du Groupe SOS. Le succès de la consultation montre selon lui que, “les citoyens ont envie de s’exprimer, qu’ils ont des choses à dire et veulent participer à la construction de la société. Avec cette crise, on s’aperçoit des magnifiques compétences et de l’engagement qui existent dans ce pays, notamment de l’ensemble de nos personnels de santé. Pour le monde d’après, il faudra davantage écouter et impliquer tous ceux qui font.”
Eric Toledano se dit “rassuré d’entendre la parole des citoyens” : “Ces derniers temps, la parole était confisquée par les extrêmes, qui ne font que nous polariser et nous opposer les uns aux autres. Dans cette crise, il y a un effet positif, c’est qu’on s’intéresse à ceux qui font fonctionner la société, les soignants, mais aussi les chauffeurs, les caissiers…”
La deuxième citoyenne invitée à s’exprimer, Sylvie Luna constate : “On s’est rendus compte que la France n’était pas totalement autonomes sur la fourniture des matériels de base.” C’est pourquoi elle a fait cette proposition, qui concerne les relocalisations sur le territoire national : “Il faut soutenir nos entreprises locales, nos start-up et intégrer en France nos chaînes de production pour tous nos besoins vitaux”.
“Sylvie a évidemment raison, commente Gilles Boeuf, biologiste, professeur à Sorbonne-Université et membre du conseil d'administration du WWF France. Il est absolument incroyable que la France ne soit pas autosuffisante, par exemple, pour son alimentation. Il faut arrêter cette économie stupide qui consiste à faire de l’argent en surexploitant la nature et en la détruisant.”
“Ce thème des relocalisations, comme celui des circuits courts, qui ressort fortement dans toutes nos consultations, révèle quelque chose de plus profond, analyse Axel Dauchez, le président de Make.org : la recherche d’une société plus simple et d’une économie à échelle humaine sur laquelle on peut agir.”
Enfin, sur le troisième thème issu de la consultation, la biodiversité, Juliette Sardet a déposé cette proposition : “Il faut dès la maternelle faire de la protection de l’environnement et de la biodiversité une matière principale”. En effet, explique-t-elle à l’antenne : “L’école est l’endroit où l’on jette les bases de la société. Il faut s’en servir pour créer de nouveaux rapports à la nature, qui doivent devenir évidents, et être transmis au même titre que toutes les règles essentielles qu’on apprend aux enfants”. Selon elle, il existe “une volonté, chez les jeunes, de changer de paradigme, en passant de l’anthropocentrisme au biocentrisme”.
Gilles Boeuf acquiesce, affirmant qu’il faut commencer l’éducation à la biodiversité dès le plus jeune âge, mais qu’il faut la poursuivre au lycée, et même après : “On est dans un système où on détruit l’enseignement des Sciences et Vie de la Terre. Les énarques ne savent même pas qu’ils sont constitués de bactéries ! Mais l’être humain n’est pas à côté de la biodiversité, nous sommes la biodiversité. Chaque fois qu’on agresse le vivant, on s’agresse nous-mêmes, ce qui est stupide pour une espèce qui s’appelle Sapiens !”