“Plutôt qu’une chance pour chaque jeune, il faudrait dire une opportunité pour chaque jeune, parce qu’il saura saisir sa chance au passage.” C’est par ce message optimiste qu’Hapsatou Sy, entrepreneure, chroniqueuse à la télévision et auteure du livre “Partie de rien”, a inauguré la matinée de présentation du plan d’actions #UneChancePourChaqueJeune au salon Viva Tech, Porte de Versailles à Paris. Elle était accompagnée sur scène par Moussa Camara, chef d’entreprise et fondateur de l’association “Les Déterminés”, qui accompagne le développement de l’entrepreneuriat en banlieue et dans les milieux ruraux.
Ce samedi 18 mai, Make.org, ses partenaires fondateurs, Accor et BNPParibas, et la trentaine d’associations de terrain engagées à leurs côtés, ont révélé, en présence de la rectrice de l'Académie de Versailles, Charline Avenel, les 8 actions concrètes de la Grande Cause en faveur des jeunes, qui seront déployées en France d’ici à 2021. Ces huit actions, portées par la société civile, sont issues de la consultation citoyenne menée au printemps 2018 par Make.org, qui a réuni 220.000 participants.
HAPSATOU SY : "Le coup de chance, on se le créé soi-même"
L’engagement vis-à-vis des jeunes est une obligation pour moi. Je viens d’une fratrie de 8, et quand je regarde mes frères et soeurs, je n’ai pas d’autre choix que de m’engager pour leur dire “c’est possible aussi pour toi”.
Il faut absolument lutter contre le déterminisme social qu’on ancre dans la tête des jeunes dès le plus jeune âge. Il faut leur dire que c’est à eux, et pas à la société, de décider ce qu’ils vont devenir. Quand la méritocratie existe, il faut braquer les caméras dessus.
Les jeunes ont besoin de témoignages concrets, pour leur montrer que des gens qui viennent exactement du même milieu qu’eux peuvent faire des choses. Il ne faut pas leur faire croire que ça va être un rêve, facile, fluide. Réussir, se planter, réussir, cela fait partie des expériences de la vie, ce sont des montagnes russes nécessaires. Il ne faut pas avoir peur de l’échec, il faut que notre société dise aux jeunes que l’échec peut être une réussite différée.
Le coup de chance, on se le crée soi-même en allant vers les autres, en posant des questions. Avoir du réseau, c’est avoir le culot de traverser la pièce pour aller parler à quelqu’un. Au pire, on risque d’entendre un “non”, ça ne tue personne. Et quand on nous dit “ça, c’est pas pour toi”, cela peut provoquer un déclic, et c’est là qu’on se : “Si, ce sera peut-être pour moi, finalement !”
MOUSSA CAMARA : "Si on a vraiment envie, rien ne peut nous arrêter"
“Réussir, ce n’est pas seulement réussir soi-même pour sortir de sa condition sociale, c’est aussi favoriser la réussite collective en contribuant à créer des emplois, en aidant les autres à monter leur entreprise.Quand j’ai fondé les Déterminés, c’était pour répondre à un constat : dans les quartiers, il y a une vraie envie d’entreprendre, des projets, de l’énergie, des talents, mais parfois ces besoins ne sont pas connectés avec l’écosystème économique.
Pour moi, le premier déclic a été une rencontre déterminante avec la personne qui m’a donné mon premier contrat dans l’informatique et qui n’a pas regardé mes diplômes, mon parcours de vie, d’où je venais, mais ma détermination. Cela a révélé en moi cet état d’esprit d’entreprendre. Je n’avais rien à perdre, je n’avais pas peur de l’échec. Si on a vraiment la conviction et l’envie d’aller vers un projet, rien n’est impossible, rien ne peut nous arrêter.
Dans le sport, l’art, la culture, les modèles de réussite sont trop éloignés. Ce qui manque à chaque jeune, ce sont des modèles de réussite autour de lui, des exemples de parcours de vie, avec ce que cela implique d’efforts et de sacrifices.”