“Dans mon activité de maraîcher, je souhaite favoriser le local, je trouve que ça a du sens de commercialiser les productions françaises pour les Français en priorité. Et j’estime que ça pourrait être étendu à d’autres domaines essentiels.
Quand on voit la flambée actuelle des prix avec l’inflation, ça peut être une solution de limiter les imports pour pouvoir mieux maîtriser nos prix, et être un peu plus souverains à l’échelle du pays.
Personnellement, j’applique déjà cette mesure : je ne suis pas un gros céréalier, je suis maraîcher, donc c’est plus facile de vendre en direct dans un rayon de 100 km maximum autour de mon exploitation. Ce n’est pas possible pour tous les secteurs, mais on voit parfois des aberrations économiques et écologiques, comme quand on vend notre production de céréales à l’export, et qu’en même temps on fait venir des céréales d’autres pays.
On est aussi dépendants d’autres pays pour des matériaux comme le plastique, qu’on utilise pour les tuyaux d’irrigation et les bâches de serre. Pendant le Covid, comme on n’en produisait pas en France, on a eu des problèmes d’approvisionnement. Pareil pour certains engrais qu’on préfère importer parce que ça coûte moins cher, alors qu’on pourrait créer de l’emploi en France pour les produire. On le voit aussi sur l’énergie : quand c’était géré à un niveau plus national, peut-être qu’il y a avait plus de contrôle sur les prix.
Plus de souveraineté et de protectionnisme pourrait être bénéfique aussi pour d’autres pays. Par exemple, une partie de la production française de blé part en Algérie, donc les Algériens n’en produisent plus et ça les rend dépendants, c’est un cercle vicieux. Aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine, on se met à moins exporter, ces pays peuvent être mis en difficulté. Je ne dis pas qu’on doit vivre en autarcie complète, mais que chaque pays ait un minimum de production propre pour pouvoir subvenir aux besoins de sa population.”
