J’ai grandi dans un village de 100 habitants dans la Creuse. J’habitais à 15 kilomètres de Guéret, autant dire que c’était impossible d’y aller à pied, et même à vélo, c’était compliqué. Pour me déplacer, j’étais obligé de passer par mes parents. Ma mère était pharmacienne à Guéret et mon père commercial en agriculture. Pour les jeunes en milieu rural, si les parents ne sont pas disponibles, on ne peut voir ses copains, pratiquer une activité sportive, on est coincé chez soi. Cela nous empêche d’être autonomes. Il faudrait plus de moyens de transports, des bus, une plateforme de covoiturage participative pour aller en ville et en revenir. Même le ramassage scolaire était compliqué : j’habitais à 15 minutes de l’école, mais pour être en cours à 8h, il fallait que je prenne le bus à 6h50 parce qu’il s’arrêtait dans tous les villages. Et le soir, il n’y avait qu’un bus à 18h40. Donc même si on sortait de cours à 15h ou 16h, il fallait attendre. Et si on ratait le bus, la seule solution était d’appeler les parents.
En zone rurale, on est obligé d’apprendre à conduire le plus tôt possible. J’ai fait la conduite accompagnée à 16 ans et passé mon permis quatre jours après mes 18 ans. Il faudrait d’ailleurs qu’il y ait des aides pour aider les jeunes à s’acheter un moyen de locomotion.
Même quand je suis parti vivre à Limoges, les passages des bus étaient tellement espacés que j’ai continué à tout faire en voiture. Il n’y a qu’en arrivant à Paris que j’ai pu vendre ma voiture !